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Et si on prenait le théâtre pour refuge, pour un lieu sûr, le temps que ça se calme dehors, que ça passe, que ça aille mieux ? C’est le sens de À l’abri, une proposition théâtrale de Françoise Boillat et Antoine Jaccoud.



Un spectacle était prévu, et soudain, quelque chose est arrivé, qui bouleverse tout le programme. Que s’est-il passé ? Laissons cette catastrophe hypothétique à l’imagination. Les nouvelles du monde nous laissent l’embarras du choix lorsqu’il s’agit de trouver une bonne raison de descendre aux abris. Pour l’heure, le public est là. Dans le refuge offert par les gradins et le plateau. Il faut s’organiser. Il faut du spectacle, à défaut d’un spectacle. Il faut passer ensemble, au mieux, ce temps dont on ignore la durée. Les ressources du théâtre sont là heureusement. Un livre oublié, de vieilles photos, un instrument de musique, la voix des interprètes comme celle du public, et surtout l’humour ; il ne s’agit pas d’un exercice de protection civile ! De temps à autre, des éclaireurs sortent pour s’enquérir de la situation, ou simplement chercher des biscuits. Ils ramènent des nouvelles du monde. Alors ? Il faut attendre encore. Occuper le théâtre encore un peu. Très bien. Reprenons. Et puis la lumière revient. C’est passé. On peut quitter le refuge. Retourner au monde. On a joué un moment, non pas tant à se faire peur qu’à tester nos ressources, à négocier avec nos vulnérabilités. Et surtout, on s’est mis à l’abri un moment. Il y a tant de raisons de le faire.