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«Je t'aime tant sans savoir comment t'aimer autrement»

Cette phrase vient conclure un très beau poème de Cécile Coulon dans laquelle l'autrice parle de sa grand-mère. Elle cristallise la difficulté que représente le fait de penser les amours qui nous lient aux personnes, aux lieux ou aux choses. Il s’agit d’actes intimes et pourtant fortement déterminés et convenus socialement à travers des imaginaires étriqués et vieillissants.

L’art a produit et sacralisé la figure de Mutter Courage, le mythe romantique d’Héloïse et Abélard ainsi que les allégories nationales et patriotiques. Ces images figent l’idée du nécessaire amour que nous devrions ressentir à l’égard de notre famille ou notre patrie, ou la binarité des relations romantiques. Mais la production artistique permet également de repenser et de critiquer ce que ces images ont participé à créer. Comment envisager autrement ce sentiment? Plus difficile encore, comment envisager son absence parfois?

La friche propose d’explorer la thématique de l’amour ou des amours à travers une exposition qui amène à réfléchir aux conceptions que nous en avons et surtout aux imaginaires qui les sous-tendent. Le nom du lieu est particulièrement approprié, car ce sentiment est lui-même en friche, c'est-à-dire mouvant, changeant, nous obligeant sans cesse à le penser pour qu'il reste quelque chose d'incarné et de vivant.