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Les projecteurs se sont éteints, le public est rentré chez lui, des images plein la tête. Le théâtre dort, la servante veille. Au plateau, les planches craquent, le rideau bruisse : c’est l’heure, l’heure des spectres, celle où les traîtres s’avancent à pas feutrés, où les murs chuchotent des tirades oubliées et des présences fiévreuses répètent leur entrée… Dans sa nouvelle création, la conteuse professionnelle Catherine Gaillard nous invite à nous glisser en catimini dans les coulisses de la scène. Forte d’histoires vraies collectées dans le milieu du spectacle romand, elle nous raconte avec passion les aléas du métier, ses croyances et superstitions, le merveilleux du jouer ensemble, sa violence, parfois. Parole magique, abus de pouvoir, accessoires malicieux et autres chaos techniques, cette plongée drôle et touchante dans l’envers du décor nous dévoile de l’intérieur les joies et fragilités de la vie d’artiste, et fait siens les codes du théâtre : d’habitude purement frontaux, les arts du récit s’aventurent ici sur un plateau dense de présences, les invoquent, les interpellent comme autant de partenaires de jeu, et nous rappellent ce faisant combien il est bon de se réunir pour frémir côte à côte au son d’histoires oubliées.

Catherine Gaillard remporte le Grand Prix des Conteurs de Chevilly-Larue en 1998 et obtient ainsi le statut de conteuse professionnelle. Depuis, elle est régulièrement invitée par les plus grands festivals francophones, du Québec à la France en passant par la Belgique et le Liban. Membre de la Fédération MottattoM depuis 2000, elle y met sur pied la seule salle de répétition genevoise consacrée aux arts de la parole, un espace d’expérimentation où le récit trouve à se déployer hors des contraintes du marché. L’année suivante, elle fonde la Cie Séléné et crée avec elle des spectacles pour adultes et enfants au verbe tantôt malicieux, tantôt engagé face aux méandres des rapports sociaux. Pour « La Servante », premier spectacle des arts du récit à avoir obtenu une résidence de création dans un théâtre romand, elle s’entoure de l’autrice et metteure en scène fribourgeoise Joëlle Richard et de la créatrice lumière Danielle Milovic, qui lui offre un subtil appui interprétatif à la mesure de sa puissance d’évocation.